Coeurs en choeur et Kaysersberg, les photos!
- Paroisse Protestante
- 30 mai
- 8 min de lecture
Avant un joli culte le jour de la fête des mères, notre église accueillait un bien sympathique concert autour de Gina VERGNIOL et la chorale composée de résidents, bénévoles, salariés et famille de résidents; un tour de France en chanson aura ravi l'auditoire, venu soutenir cette belle initiative intergénérationnelle! BRAVO!
Les échanges ont pu se poursuivre autour d'une collation, pour le plaisir de tous!

Puis jeudi de l'Ascension, un groupe de 60 voyageurs a pris le bus direction le centre SCHWEITZER, afin de découvrir la vie du célèbre docteur qui naissait il y a 150 ans.
Lors du culte célébré dans l'église derrière sa maison natale, le message permettait de plonger dans la pensée du pasteur Schweitzer, notamment autour de son éthique du respect de la vie. ( cf message à plusieurs voix en fin de document pour les intéressés)



Les enfants auront pris part à un atelier, pendant que les parents et adultes parcouraient le musée avec un guide.


Après la pause déjeuner, les courageux aura pris le sentier croix verte entre Kaysersberg et Kientzheim, profitant de magnifiques panoramas au milieu du vignoble.


Une chute aura marqué la fin du parcours, mais notre malheureuse Monique B. aura gardé le sens de l'humour, se souvenant que le jour de l'Ascension, c'est en compagnie des gendarmes et pompiers qu'elle aura fait son baptême de l'air!

Un petit passage d’Evangile pour nous introduire directement au cœur de l’Evangile et à la manière dont Albert Schweitzer avait compris le sens de la vie, la vocation de l’Homme.
Ecoutons donc, ce court passage :
« Pierre dit à Jésus : Ecoute, nous avons quitté ce que nous avions pour te suivre.
Jésus leur dit : Je vous le déclare, c’est la vérité : si quelqu’un quitte, pour le Royaume de Dieu, sa maison ou sa femme, ses frères, ses parents, ses enfants, il reçoit beaucoup plus dans le temps présent et, dans le monde futur, il recevra la vie éternelle. »
On a tous quelque chose en nous de ce disciple…Pierre ! Dès que nous avons fait quelque chose qui nous semble bien, nous pensons que nous en avons assez fait pour Dieu, pour l’Eglise, pour la paroisse, pour le prochain.
Suivre le Christ pleinement et réellement, ce n’est pas s’installer dans une croyance, le verbe le dit bien, c’est se mettre en mouvement, en marche sur des chemins souvent inconnus et inattendus.
Dès son plus jeune âge, Albert Schweitzer a toujours médité, ces paroles d'évangile que nous avons réentendu ce matin et aussi celle-ci : "Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui refuse de s'y attacher dans ce monde la gardera pour la vie éternelle". Il y lisait à juste titre l'invitation de la part de Jésus à quitter une certaine forme d'égoïsme pour se mettre au service d'autrui. Toutefois, il ne voyait pas cela comme un renoncement douloureux au bonheur, mais comme un partage de son bonheur de vivre :
(Lecteur 1)
"Ma jeunesse fut particulièrement heureuse. Cette pensée ne cessait de m'occuper. Je me sentais écrasé sous le poids de ce bonheur et je me demandais si j'avais le droit d'accepter ce don comme tout naturel.
Le droit au bonheur, voilà le problème qui, pour ma vie intérieure, devint un événement aussi important que l'avait été dans mon enfance la compassion pour toutes les souffrances qui règnent dans le monde. Par leurs réactions réciproques, ce sentiment et cette question déterminèrent ma conception de la vie et fixèrent ma destinée.
De plus en plus je me rendis compte que je n'avais pas le droit d'accepter le bonheur de ma jeunesse, ma santé, ma faculté de travail comme des dons gratuits. La conscience intense de mes privilèges me fit comprendre toujours plus clairement cette parole de Jésus, que nous n'avons pas le droit de garder notre vie pour nous. Celui qui a été comblé de bienfaits est tenu d'en répandre à son tour et dans la même mesure. Celui qui a été épargné par la souffrance doit contribuer à diminuer celle d'autrui. Tous, tant que nous sommes, nous avons à assumer une part du fardeau de douleur qui pèse sur le monde"
Ce témoignage est important et nous concerne tous pour aussi forger un sens à notre vie: la conscience de nos privilèges et la compassion envers celui qui souffre sont à la base de cette sagesse de vie. Schweitzer ne part pas d'une idée de sacrifice, en se demandant à quoi il devrait renoncer pour les autres, il ne part pas d'une vision négative de lui-même ou du monde; mais il part de son BONHEUR de vivre et se demande comment partager un peu de ce bonheur, comment en faire profiter les autres, comment l'étendre dans notre monde de souffrances. Voilà un exercice spirituel pour chacun de nous…
Un vieux cantique commençait par "compte les bienfaits de Dieu..", c'est le premier pas du chemin : être reconnaissant de ce qui nous est donné et réfléchir pour savoir comment mettre nos dons au service de la communauté humaine et plus particulièrement de ceux qui souffrent ! Voilà le sens du "don de soi" ou du "sacrifice" si l'on veut employer ces mots, mais issus d'un profond désir de Vivre…
La foi chrétienne, nous rappelle Albert Schweitzer, doit se concrétiser en pratique comme un principe de vie si elle veut mériter ce nom.
(Lecteur 2)
« La seule chose que Jésus demande aux hommes, écrivait Schweitzer, c’est qu’en leurs activités et en leurs épreuves, ils confirment être de ceux qui, par Lui, se voient contraint de cesser d’être comme le monde pour devenir autrement que le monde, et qui de par-là même participeront à Sa paix. (…)
Jésus vient à nous comme un inconnu qui ne porte pas de nom, et de la même manière dont il s’est approché au bord du lac de ces hommes qui ne savaient pas qui il était. Il dit les mêmes mots : « Mais toi, suis-moi
La seule chose essentielle est que nous soyons dominés par l’idée du Royaume de Dieu, de la manière dont Jésus le demande aux siens. »
Le Christ a donc besoin de chacune et de chacun de nous pour construire un monde plus juste, plus humain et plus fraternel et cela commence par les petites choses du quotidien, par le respect et l’attention que nous portons à autrui et à tout ce qui nous entoure : la nature et tous les vivants.
D’ailleurs, enfant déjà, Albert Schweitzer avait eu cette intuition que toute vie devait être protégée et respectée et dans sa prière du soir il lui « paraissait totalement inconcevable » de ne « prier que pour les hommes ». C’est pourquoi, lorsque sa mère avait prié avec lui et lui avait donné le baiser du soir, il récitait encore secrètement une prière qu’il avait composée lui-même pour toutes les créatures vivantes.
« Elle disait : Bon Dieu, protège et bénis tout ce qui respire, préserve du mal tous les être vivants et fais-les dormir en paix. »
Mais c’est plus tard, à 30 ans que Albert Schweitzer va vivre son orientation fondamentale en s'en donnant les moyens. Alors qu'il est professeur de théologie réputé pour ses recherches, alors qu'il est un brillant organiste et pasteur à Strasbourg, qu'il est donc à son apogée au niveau philosophique, artistique et intellectuel, il choisit de se lancer dans des études de médecine, pour répondre à l'appel d'un journal missionnaire qui mentionnait le manque de médecins en Afrique… Il doit alors faire face à l'incompréhension de ses parents et de la société qui le prennent pour un doux illuminé. Mais une expérience de jeunesse lui aura appris à se libérer de la peur du regard et du jugement d’autrui et à suivre ses convictions profondes. Cette expérience est aussi à la base de sa conviction inébranlable que nous ne pouvons nous permettre de tuer ou de faire souffrir d’autres êtres que dans des cas d’absolue nécessité et de son éthique du respect de la vie, qui reste d’une brûlante actualité à notre époque où la valeur de la vie est toute relative et où se pose de façon de plus en plus cruciale l’exigence de la protection de l’environnement pour la survie de tous les vivants.
(Lecteur 3)
« Lorsque j’avais 7 ou 8 ans j’ai vécu un incident qui m’a laissé une profonde impression. Un ami et moi, nous nous étions fabriqués de petites frondes avec des élastiques qui permettaient de lancer de petits cailloux. C’était au printemps, au temps de la Passion. Un dimanche matin il me dit : Viens, nous allons nous rendre dans le vignoble tirer des oiseaux. Cette proposition était terrible pour moi, mais je n’osais pas le contredire de peur qu’il se moquât de moi. Et nous arrivâmes ainsi à proximité d’un arbre où des oiseaux poussaient gaiement leurs chants dans l’air pur du matin. Se baissant comme un Indien à la chasse, mon compagnon posa un petit caillou dans le cuir de sa fronde et tira. Répondant à son regard impératif, j’en fis de même, en proie à de terribles scrupules de conscience et fermement décidé à tirer à côté. A ce même moment les cloches de l’église se mirent à sonner dans ce grand soleil et dans ce chant des oiseaux. Pour moi ce fut une voix qui descendait du ciel. Je jetais la fronde, effarouchais les oiseaux pour qu’ils s’envolent et soient à l’abri de la fronde de mon compagnon et m’enfouis à la maison. Et depuis, chaque fois que les cloches de la Passion résonnent par un temps ensoleillé au milieu des arbres encore dénudés je pense, ému et reconnaissant, à la manière dont elles m’ont ce jour-là sonné dans mon cœur le commandement : Tu ne tueras pas.
A partir de ce jour-là j’ai eu le courage de me libérer de la peur des hommes. Là où ma conviction la plus intime était en jeu, j’attachais maintenant moins d’importance à l’opinion des autres.
C'est à ce moment que grandit en lui sa conviction morale fondamentale du "respect de toute vie".
Respect de l'homme bien sûr…et de l'autre homme dans sa différence, mais aussi de ce qui entoure l'homme, les animaux et la nature, d'où son combat qu'on pourrait qualifier "d'écologique" avant la lettre, parce qu'il sent que l'homme n'a pas à "dominer la terre" comme un tyran oublieux de ses responsabilités, mais qu'il a à la "cultiver" comme un gérant, un "jardinier" qui a des comptes à rendre à son Maître…
(Lecteur 4 )
« L’homme n’est éthique que lorsque la vie en elle-même, aussi bien celle des plantes que celles des animaux lui est sacrée, comme celle des hommes, et lorsqu’il se dévoue pour porter aide à une vie qui est en danger. Si on ne peut répondre au sens de la vie de l'univers, on peut essayer de DONNER UN SENS A SA VIE, d'où l'importance de l'éthique… Ne pas chercher à expliquer le pourquoi du mal, mais tout faire de ce qui dépend de nous pour qu'il y ait un peu moins de mal dans le monde. Agir pour le BIEN d'autrui et en faire le but de sa vie.
Ce n'est donc pas étonnant si à la fin de sa vie, à côté de son travail à Lambaréné, le Dr Schweitzer, ami d'Einstein, ait voulu à partir de cette intuition morale fondamentale lutter pour la paix, et contre la multiplication des armes de destruction massive. Son discours de réception du Prix Nobel est à méditer plus de 70 ans après, dans les situations que nous vivons. Dans ce discours, il constate que la guerre moderne est devenue de plus en plus cruelle, à cause des nouveaux types d'armement: l'homme affirme-t-il est devenu un surhomme, mais le problème est que ce surhomme ne s'est pas élevé à un niveau moral équivalent à sa puissance. Il a donc une force surhumaine qu'il peut mettre au service de fins destructrices et meurtrières, et non à des fins raisonnables et utiles.
Ce discours se terminait par ce vœu, quasi une prière:
(Lecteur 5)
"Puissent les hommes qui tiennent entre leurs mains le sort des peuples éviter avec un soin anxieux tout ce qui pourrait faire empirer la situation dans laquelle nous nous trouvons et la rendre encore plus dangereuse. Et puissent-ils prendre à cœur la Parole de l'Apôtre Paul: "S'il est possible, autant qu'il dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes".
Puissions-nous ne jamais oublier l’urgence de notre engagement éthique en faveur du respect de toute vie et faire nôtre ce message qu’un jeune homme écrivit après une visite à Lambaréné :
« Je ne m’appelle pas Albert Schweitzer et je ne m’attends nullement à voir les journaux parler de moi, mais je n’arrive pas à me détacher de la question : « Où m’attend mon Lambaréné ? »
Où Dieu a-t-il besoin de moi aujourd’hui ?
Amen
Comments