On a beaucoup entendu parler de résolutions en ce début d'année. Il n'est pas trop tard pour en prendre, même si des études très sérieuses montrent que celles prises au Nouvel An ont déjà été oubliées autour du 12 janvier…
L'an passé, j'avais pris, entre autres, pour résolution de lire 23 livres. Résolution tenue! Et pour 2024, je reconduis cette expérience et j'y ajoute une nouvelle (parmi d'autres toujours…): visiter plus de musées. C'est ainsi que mes pas m'ont mené jusqu'à la Fondation Frieder BURDA, à Baden-Baden, qui proposait une exposition d'un jeune artiste originaire de Villette, près de Lausanne, en Suisse. Son nom: Nicolas PARTY, ancien graffeur ferroviaire (il faisait des tags sur le TGV, à l'arrêt en gare pour la nuit) , proche de la nature et des enjeux écologiques, non sans lien avec la Bible que notre artiste cite souvent en parlant de son travail. Ce soir, en guise de méditation colorée, j'aimerais vous présenter deux de ses œuvres, éphémères, puisque peintes directement sur les murs du musée BURDA. Deux toiles sur béton donc, qui vont nous conduire "par monts et par vaux", ou plutôt "par montagnes et par grottes".
Tout d'abord les montagnes, lieu symboliquement chargé dans l'Ecriture, lieu de la rencontre avec Dieu.
Les montagnes apparaissent relativement tard dans l'histoire de la peinture. Ce n'est qu'au 18ème siècle que les routes des cols, les voies de chemins de fer, les ponts, changent leur image: elles ne sont plus perçues comme des obstacles et c'est à ce moment-là qu'une esthétisation s'amorce dans la peinture. L'alpinisme comme expérience organisée dans la nature émerge également à cette période, avec un objectif de conquête de la nature. De nos jours, l'ascension du Mont-Blanc exigera de vous une réservation préalable, tellement l'alpinisme s'est développé! Ce qui intéresse l'artiste, ce n'est pas de saisir la réalité visible, mais ce paysage montagneux doit poser des questions au spectateur. Souhaitant poser une sorte de contre-point à la ruée touristique, en quelques couleurs seulement, il raconte la grandeur majestueuse des sommets non conquis par l'Homme. On y trouve aussi la patte divine, dans l'impression de tranquillité, dans la grandeur de l'œuvre (20 mètres par 5) et dans ce fond d'éternité bleu nuit qui dit aussi l'espoir de la Créature par rapport au Créateur.
22Mais vous, vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, avec ses milliers d'anges. 23Vous vous êtes approchés d'une assemblée en fête, celle des fils premiers-nés de Dieu, dont les noms sont écrits dans les cieux. Vous vous êtes approchés de Dieu, 24Vous vous êtes approchés de Jésus, l'intermédiaire de l'alliance nouvelle. Epître aux Hébreux, chap 12.
Puis ces grottes.
Ces galeries menant aux entrailles de la Terre ont toujours exercé un puissant pouvoir de fascination sur les humains; du premier habitat de nos ancêtres offrant une protection jusqu'au lieu des secrets, en passant par l'idée de grandeur associée à une cathédrale. Lieu fertile pour l'imaginaire, premières traces d'art primitif, lieu dépourvu de lumière et donc inhabitable en tant que tel, la grotte nous rappellera pourtant de quelle manière nous passons les neuf premiers mois de notre vie. Symbole de naissance mais aussi de mort, puisque les grottes servent aussi de lieu de sépulture.
Les choses y sont souvent à l'envers: des formes sortent du sol et du plafond, stalactites et stalagmites. Tout cela n'étant pas visible tant que la grotte n'aura pas été découverte.
Il s'agit aussi d'une métaphore de nos existences, avec une remise en question de l'apparence extérieure, nous invitant peut-être à une résolution supplémentaire: celle de dépasser le visible pour aller puiser dans l'invisible, d'affronter aussi nos obscurités et de voir de la Lumière à travers nos obscurités.
"Je suis la lumière du monde, celui qui me suit me marchera pas dans les ténèbres" Jean 8, 12
Jean-Philippe SCHWAB, Lingolsheim, Janvier 2024
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